HOMMAGE
Serge DIANTANTU, humaniste et passeur d’histoire, nous a quittés. Le CIFORDOM est en deuil.
Serge Diantantu, écrivain d’origine congolaise a d’abord fait des études de menuiserie et d’ébénisterie puis les Beaux-Arts à Kinshasa et obtient un Diplôme d’État en arts plastiques. Quand il arrive en France en 1981, il travaille pour la Société Française de Production (SFP) comme décorateur pour le cinéma et la télévision avant de se lancer quelques années plus tard dans l’écriture et l’illustration de bandes dessinées qui prennent souvent la forme de documentaires sur l’histoire des Noirs.
Il s’adressait à tous les lecteurs et aimait aborder des faits réels de société qui sont tabous. L’envie d’échange et de partage avec ses lecteurs l’ont amené de fil en aiguille à travers ses BD à œuvrer pour ce qu’il a lui-même décrit comme « la sauvegarde du patrimoine culturel et historique africain ». L’ensemble de ses œuvres est très documenté ce qui représente un travail de recherche très important appuyé sur des sources écrites et aussi orales en lien avec son vécu et les témoignages d’anciens qui ont fait l’objet de vérifications. Il était méthodique, rigoureux et soucieux de transmettre l’histoire de manière accessible à tous afin de partager et d’échanger ses idées avec le plus grand nombre et particulièrement avec les jeunes.
Son style la « ligne claire » vient de « Mindélô » qui veut dire « trait » et qui correspond aux lignes que l’on trouve sur les calebasses décorées, sur les cases au Bénin, sur les masques, et dans les tresses des femmes africaines. C’était pour lui une façon de rendre hommage aux ancêtres. Les « mindélôs » africains ont inspiré Picasso mais aussi Hergé pour le décor des cases de Tintin au Congo…
Son travail auprès des enfants était reconnu et très apprécié au sein des établissements scolaires. Il tenait particulièrement à ce que ses ouvrages soient présents dans les bibliothèques et les écoles. En effet, il considérait qu’une bibliothèque correspond à la mémoire en France parce que celle-ci passe par l’écriture contrairement à la culture congolaise qui se transmet avant tout par l’oralité. Alors son objectif était de permettre aux enfants issus de l’immigration de trouver la culture de leur famille dans les bibliothèques, une façon de leur faire une place.
Il a reçu le Prix FETKANN ! de la Jeunesse en 2013 pour son ouvrage « Homme noir, d’Afrique, d’Amérique et des Antilles, Tome 1 ». Cet album présente près d’une trentaine de personnages noirs du monde entier ; une mémoire pour tous les enfants afro descendants afin qu’ils y trouvent des sources d’inspirations.
Serge était militant et généreux. A maintes reprises, il a offert son talent gracieusement au CIFORDOM pour marquer l’importance du travail de Mémoire. Il a apporté une sérieuse contribution à la conscientisation de la communauté noire, à la valorisation de l’Histoire de l’esclavage et du patrimoine culturel du monde noir.
Son œuvre le rend immortel.
Nous adressons nos sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
José PENTOSCROPE
Président du CIFORDOM
Président du Prix Littéraire FETKANN ! Maryse Condé
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