HAÏTI

De multiples fléaux terre sans fin meurtrie,
Toi qui, pour l’homme noir secouant l’oppression,
Fus de sa dignité la première patrie,
Quel Ciel jaloux te voue à la malédiction ?

De colons en colons, de despote en despote,
Quel sort sur toi s’acharne et ton sol spolié,
Comme si tu devais toujours solder la note
Pour ce crime d’avoir osé la liberté !

Le Ciel n’y est pour rien, ni non plus la Nature,
Car l’horreur est de l’homme et non des éléments ;
Ni l’un ni l’autre n’ont, à Toussaint Louverture,
Infligé de mourir en d’horribles tourments.

Tu reçois, dévastée, un soutien emphatique
De ces maîtres d’un monde où tu n’existais pas
Si ce n’est comme chair de misère exotique,
Faisant du coup la une à l’aune des médias

Songe qu’il t’appartient d’être ton propre Maître,
Peuple libre et debout parmi d’autres nations ;
Que c’est toi le Volcan, et que tu vas renaître
En faisant advenir tes propres éruptions.

Yves LETOURNEUR