Catégorie Poésie

DEBLAINE Dominique, Paroles d’une île vagabonde Riveneuve

DEBLAINE Dominique, Paroles d’une île vagabonde Riveneuve

DEBLAINE Dominique

Paroles d’une île vagabonde

Riveneuve 2012 (Paris)

DEBLAINE Dominique2 Île était une fois la Guadeloupe. Île était une voix, celle d’une île créole de la Caraïbe. Paroles d’une île vagabonde est une chronique hallucinanée, un journal passionné et un récit géopoétique de la Guadeloupe, mêlant l’énergie du discours et l’intimité de la confidence. Ici c’est la terre elle-même qui s’est emparée de la parole et qui dit le vécu pluriel d’une île à l’histoire mouvementée. Comme dans un manuel de conscience naturelle, elle dit tout : le dépeuplement fondateur, l’esclavage, la vitalité identitaire, les volcans, les cyclones, les conflits, les conservatismes et les audaces, les errances et l’enracinement, les solidarités et les solitudes. La parole captatrice de ce paysage parlant a enregistré les merveilles d’une nature vigoureuse mais aussi les ratages et les ravages : « Sur mon territoire, tout prolifère et se délite. » Loin de s’enfermer dans l’éloge d’une créolité sûre d’elle-même, la parole de l’île dit longuement la complexité ambiante : « Moi, île bonté, île têtue, île refuge ; moi île alcool, île poussière, île boucan, île vomissure, île aux abois ; île lassitude, île solitude, c’est moi que l’on prend, que l’on pille, que l’on souille, que l’on fait sienne, puis qu’on roule dans la boue. Et mes ailes supportent le saccage, l’entassement, la frénésie terrifiante ». Tour à tour maternelle, indignée, sensuelle, enthousiaste, l’île parlante a parfois un langage d’une énergie césairienne : « j’exhale la vigueur de ceux qui ont survécu à l’indigne. »

DEBLAINE DominiqueC’est aussi une île à l’esprit caribéen, qui voyage et rend visite à ses voisines, dans une nouvelle traversée du milieu. Dominique Deblaine, jusque-là auteure de nouvelles douces-amères, a fait corps avec son île natale pour une « vagabondagerie vivifiante » de l’écriture antillaise, loin des nouveaux exotismes et des « fuyards sans marronnage ». Après Simone Schwarz-Bart, Daniel Maximin, Ernest Pépin et Max Rippon, elle vient d’ouvrir une nouvelle trace dans la littérature antillaise.